Et si la peur d'être agressé.e sexuellement n'était pas liée à un souvenir mais à un signal ?
- Lauriane Strauss

- 24 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 juil.
Avoir peur du sexe, des violences sexuelles, des hommes... est-ce réellement synonyme d'abus sexuels refoulés ?
Le lien est possible, mais loin d'être systématique ! Il s'agit d'un raccourci erroné, pouvant susciter beaucoup d'angoisses. Le corps n'a pas besoin d'avoir été directement agressé pour avoir peur d'être agressé.
Quelques pistes :
1) Une éducation sexuelle marquée par la peur, la honte, la culpabilisation...
Le climat autour de l'intimité et la sexualité est alors anxiogène. Tout ce qu'on nous dit ou que l'on perçoit peut mener à une méfiance et des peurs.
2) Transmission de croyances
Nous nous construisons avec ce que nous percevons de l'extérieur, ou ce que nos proches nous inculquent. Par exemple, si nous entendons depuis notre enfance que "les hommes sont dangereux", notre cerveau risque d'en avoir peur...
3) Traumatisme indirect
Être témoin de violences sexuelles, gynécologiques, sexistes... peut générer une anxiété même sans vécu direct personnel. Nous le voyons aussi dans les récits familiaux d'abus, qui peuvent perturber l'équilibre de ceux qui les écoutent.
4) Images violentes de la sexualité
Être exposé.e à l'idée que la sexualité = violence(s) peut mener à la craindre. Comment ne pas avoir peur pour son intégrité physique et/ou psychique quand une telle association se fait ? Par la pornographie, les propos de camarades de classe, des récits d'agressions dans les médias...
5) Système nerveux en alerte
La (sur)activation du système nerveux, ou une anxiété généralisée est susceptible de mener à une méfiance envers tout type d'intrusion. Dans ce cas, la question à se poser est : y a-t-il des situations où j'ai déjà ressenti une intrusion ? Par exemple une situation où mes limites n'ont pas été entendues ou respectées.
6) Ambiance incestueuse
L'ambiance incestueuse désigne un climat familial où les limites relationnelles et corporelles ne sont pas respectées, sans qu'il y ait de passage à l'acte. Cette ambiance est quelque chose de très sournois et encore oublié. Les personnes grandissant dans ce climat ne se rendent pas compte qu'il est anormal, source d'un manque de sécurité, et ont du mal à se légitimer car il n'y a pas de passage à l'acte en tant que tel.

Ce n'est alors pas parce que :
tu ressens une peur prononcée des violences sexuelles
ton corps réagit aux récits de violences (crispation, douleurs périnéales...)
tu as une peur généralisée des hommes, des gynécos, ou autre...
que tu as forcément vécu un abus que tu aurais refoulé.
Il est facile de faire le raccourci : peur d'être agressé sexuellement = on m'a agressé.e.
La réalité est que ces ressentis peuvent provenir de plusieurs facteurs : des ambiances, des paroles, des images, des croyances, des expériences négatives sans lien direct avec un abus sexuel...

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