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Douleurs aux rapports sexuels : signe d'incompatibilité sexuelle ?

  • Photo du rédacteur: Lauriane Strauss
    Lauriane Strauss
  • 19 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 mars


On entend parfois de la bouche de certaines personnes (dont des professionnel.les) : Si vous avez mal, c'est parce que vous et votre partenaire n'êtes pas sexuellement compatibles !


En fonction du sens que l'on met derrière ce mot, on peut l'analyser (et le critiquer) de différentes manières !



Qu'est-ce que ça veut dire "incompatibilité" ?


Il arrive que l'on croise ce terme pour désigner certaines situations en lien avec la sexualité ; par exemple lorsque les deux partenaires du couple n'ont pas le même désir sexuel (ils seraient alors incompatibles, temporairement ou plus durablement, sur ce point), ou encore lorsque les pH des zones intimes des deux partenaires ne sont pas très compatibles, dans le sens qu'ils peuvent causer des déséquilibres chez l'autre et mener à des inconforts pas terribles (irritations, vaginoses, brûlures...).


Quand on fait référence à ce type de cas, le rôle du ou de la professionnel.le consulté.e est aussi d'évaluer ce décalage et de discuter de solutions à envisager. Ainsi, le terme "incompatibilité" ne serait pas automatiquement descriptif d'une réalité immuable, dont la seule solution serait de quitter son/sa partenaire.



Et dans le cadre des douleurs aux rapports ?


Malheureusement, dans ce contexte précis le terme "incompatibilité" est bien souvent employé afin de fournir une explication malgré tout. Il se comprend en fait comme un : on ne sait pas pourquoi vous avez mal, vous et votre partenaire êtes probablement incompatibles sexuellement !


Il désignerait alors une situation fatale, sans issue viable pour le couple. Il ouvre la porte à deux raccourcis, eux aussi dérangeants :


  • Votre partenaire doit avoir un sexe "trop gros/grand" et vous un vagin "trop étroit". Les deux anatomies seraient alors physiologiquement incompatibles et on ne pourrait rien y faire...


    On va le dire tout de suite : les douleurs liées à des "sexes trop grands" ce n'est pas la majorité... On peut imaginer que dans certaines situations spécifiques, cela puisse être lié ; dans ce cas l'accompagnement du couple serait aussi à envisager, afin de guider vers des adaptations, au lieu d'affirmer qu'ils ne pourront plus avoir de sexualité et qu'ils n'ont rien à faire ensemble...

    Il faut avouer que la taille du sexe dit masculin constitue plus souvent une excuse un peu facile aux maux qu'on ne sait expliquer...

    Disons-le aussi : "un vagin étroit", ça n'existe pas (sauf pathologie particulière identifiée) ! Le vagin est une zone qui se dilate, s'élargit, s'allonge, sous les effets de l'excitation. En fait, il se modifie afin d'accueillir l'objet à circlure*.


  • Votre corps est en train de vous montrer que ce n'est pas le bon/la bonne partenaire pour vous.

    Vous savez... ce discours qui se répand sur les réseaux sociaux et qui supposerait que chaque symptôme récidivant localisé au niveau de l'anatomie génitale dite féminine serait un rejet des partenaires ; mycoses, vaginoses et infections urinaires à répétition, douleurs aux rapports, vaginismes...

    Restez connecté.es, on en parle prochainement... En tout cas : NON changer de partenaire n'est pas la solution miracle dans la majorité des cas.


Un couple qui se questionne sur ses difficultés intimes


Qu'est-ce qui se cache vraiment derrière ce pseudo-diagnostic ?


Lorsqu'un.e professionnel.le vous affirme que vous avez mal parce que vous et votre partenaire êtes incompatibles, et qu'il n'y a rien à faire mise à part changer de partenaire, ce n'est pas juste.


Ce que ça veut dire, c'est que ce professionnel n'a pas trouvé de justification clinique à vos symptômes avec les connaissances et compétences dont il disposait à ce moment T.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'explication du tout. Les sources des douleurs sont variées et peuvent être médicales, psychologiques, ou un petit mélange des deux ; le fait qu'un professionnel ne mette pas le doigt dessus ne veut pas dire que la cause n'existe pas. C'est une sorte de "dernier recours" quand on ne trouve pas d'explication à fournir, mais c'est extrêmement dérangeant étant donné qu'on vous laisse repartir avec autant de questions que lorsque vous êtes arrivé.e - si ce n'est plus - et avec en prime quelques idées reçues ainsi qu'un questionnement sur la viabilité de votre couple.



Pour résumer, je ne pense pas que les incompatibilités immuables et sans issue existent vraiment en terme de sexualité. En tant que sexologues, nous avons énormément de sujets à creuser afin d'expliquer ces douleurs, et même quand elles sont liées à un.e partenaire, il est possible dans certains cas de travailler dessus (si le.la partenaire y est disposé.e et bien entendu en dehors des situations de violences physiques et/ou psychologiques). Nous pourrions encore creuser le notion d'incompatibilité par rapport au fait de ne pas être aligné.es au niveau de nos envies et désirs respectifs ; elle désignerait alors quelque chose de technique où on ne s'aligne pas totalement, et où, peut-être le plaisir n'est alors pas à son beau-fixe. Encore une fois, ce sont des choses qui peuvent faire l'objet d'un échange, en étant accompagné.es par un.e thérapeute si besoin.




*Le terme de "circlusion" a été introduit par Bini Adamczak et désigne l'action d'entourer, d'enrober. Il permet de réintroduire un peu d'égalité dans les rapports sexuels et de se distancer de l'image active et dominante du pénis, qui "s'imposerait" au vagin. La réalité physiologique est d'ailleurs loin de cette idée ; c'est le pénis qui va s'adapter à la forme du vagin. De plus, ce dernier est loin d'être passif et le terme "circlusion" permet d'en reprendre conscience.



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